Le scandale des déchets ménagers importés d’Italie est sans doute l’affaire de corruption la plus «puante» et la plus «exécrable» de l’année 2020. Mais en même temps, le coup de filet anti-corruption qui a été opéré le week-end dernier vient stimuler une justice dont l’image est terne depuis des années.
En effet, la rapidité et la célérité des investigations et le rythme avec lequel l’instruction du dossier a été menée redonnent espoir en une justice soucieuse du bien public et de la santé des Tunisiens.
Ni la qualité des inculpés ni leur rang élevé n’ont pu constituer une entrave à l’enquête. D’ailleurs, l’on compte parmi les personnes interpellées ou en garde à vue, ministres, généraux, directeurs généraux, hommes d’affaires, etc. C’est une première dans la lutte contre la corruption en Tunisie et un exploit pour la justice tunisienne. Cette opération «mains propres» illustre de façon éclatante que la corruption est un mal qui ronge le pays. Car cette affaire a permis de démonter l’une des nébuleuses les plus opaques de l’Etat en matière de corruption. En effet, passe-droits, pantouflage, trafic d’influence, pots-de-vin, autant de pratiques qui conduisent à un pillage permanent de l’Etat et à l’instauration de privilèges toujours de plus en plus extravagants. Elle nous apporte la preuve que l’enjeu central de la corruption est de dépecer l’Etat et de spolier ses immenses ressources au détriment de l’intérêt général et du bien-être des Tunisiens. Cette affaire illustre aussi de façon éloquente comment se construit la filière en style pyramidal pour étendre ses tentacules allant des ministres jusqu’aux simples agents. Ainsi coule à flots un argent mal acquis et se développe la corruption à grande échelle. Il a fallu le courage des journalistes pour dénoncer l’affaire, la bravoure d’un juge d’instruction pour combattre ce mal endémique. Car quand ces deux pouvoirs — médias et justice — travaillent dans un esprit d’indépendance et quand ils sont animés de la quête de la vérité, un coup de balai profond est donné pour nettoyer le pays de ceux qui essayent de le détruire. Pour ainsi dire, la lutte contre la corruption n’est pas une utopie, il suffit de sortir la tête du sable et d’arrêter de faire la politique de l’autruche.